Durant 4 mois, Aurore Pageot a réalisé une enquête sur la place des filles dans les structures de jeunesse sarthoise. Elle agissait dans le cadre d’une mission de service civique accueillie par la DDCS de la Sarthe. Entre confirmations et surprises, son enquête conduit à interroger les pratiques et les habitudes.
La place des filles dans les
structures de jeunesse : un enjeu plutôt nouveau
Aurore
Pageot a réalisé cette étude entre février et mai 2018 dans le cadre d’un
service civique à la direction départementale de la cohésion sociale de la
Sarthe. Son objectif était d’établir un état des lieux des questions de mixité
et d’égalité entre les filles et les garçons dans les structures d’animation
jeunesse et l’accessibilité de ces espaces pour les deux sexes. Elle s’est
appuyée sur une large bibliographie. Mais, alors que de nombreuses études existent
sur ces questions dans le cadre scolaire et celui des activités sportives,
aucun travail abordant spécifiquement les locaux de jeunes n’a été repéré.
Aurore Pageot a donc dû défricher un terrain largement inconnu.
Pour
cela elle a utilisé différents outils. Elle a envoyé un questionnaire aux
professionnel·le·s des structures (49 réponses - 48% de femmes). Elle a
effectué des entretiens individuels et collectifs avec les animateurs,
animatrices, coordinateurs, coordinatrices, ainsi qu’avec des jeunes : 12
entretiens individuels (une femme, 11 hommes), deux réunions d’équipe et 7
entretiens avec des jeunes en groupe (14 filles, 12 garçons). Lors d’un
regroupement des animateurs/animatrices, elle a mis en place un temps de
réflexion collective. Enfin, elle a également visité des locaux de jeunes (5)
et étudié des plans d’aménagement (11).
Son
étude a mené à la production d’une synthèse de 4 pages téléchargeable sur leblog.
Une présence des filles
nettement déficitaire dans les accueils libres
L’étude
a permis de confirmer une impression régulièrement recensée auprès des
professionnels : la présence des filles dans les structures de jeunesse
(10-25 ans) est plutôt équilibrée dans les activités encadrées mais elle est
nettement déficitaire dans les accueils libres. Ces accueils semblent polariser
de nombreuses difficultés.
Or,
l’étude montre aussi que les facteurs explicatifs les plus entendus ne sont pas
statistiquement significatifs : ni la mixité des équipes, ni la présence
d’animatrices, ni l’ancienneté des professionnels ne semblent avoir d’impacts
positifs sur la mixité de la fréquentation. Ainsi, l’étude a mis en évidence de
nombreuses situations où le local accueille de nombreuses filles alors que
l’équipe n’est composée que d’animateurs hommes.
Il
faut chercher des explications ailleurs. Les réflexions théoriques incitent à porter
notre regard sur le jeu de pouvoir qui prend place dans les locaux de jeunes
dans lequel les postures des un.e.s et des autres (et notamment des animateurs)
et les aménagements ont un impact déterminants.
La
synthèse développe cette analyse et ouvre des pistes de réflexion à venir.